Chers Amis,
Au moment d’ouvrir l’assemblée générale annuelle de notre association, je voudrais d’abord remercier la municipalité d’Obernai qui a bien voulu, comme chaque année, mettre à notre disposition cette belle salle Renaissance. Je voudrais aussi saluer la présence de M. André Schalck, adjoint au Maire, et qui représente Monsieur le Maire Bernard Fischer, vice-président du Conseil général, membre d’honneur de notre association, qui n’a pas pu cette année être des nôtres, retenu par d’autres obligations.
Si l’on veut être optimiste, le bilan de l’année écoulée est satisfaisant. L’Association a bien rempli son double objectif : mettre en valeur le domaine de la Léonardsau et faire mieux connaître le « Cercle de Saint-Léonard », ce mouvement artistique alsacien au tournant du XIXe et du XXe siècle. La Mairie d’Obernai continue à manifester son intérêt pour un patrimoine qu’elle avait autrefois négligé. Plusieurs manifestations prestigieuses ont eu lieu cette année, et je vous en rendrai compte.
Cependant, permettez-moi d’exprimer, sur un point essentiel, une inquiétude grandissante : la rénovation du château est en panne.
Certes, un état des lieux très complet a été effectué, sous la direction de M. Yann Jovelet, architecte de la Ville. Les travaux de préservation et de mise hors d’eau ont stoppé les progrès de la dégradation du bâtiment, qui est, comme vous le savez, désormais fermé au public. D’autres travaux sont programmés, notamment le démontage des décors extérieurs du château et leur stockage : cette intervention a pris du retard mais devrait être réalisée au premier trimestre 2012 sous la supervision de Mme Aurélie Mathieu, architecte.
Mais la remise en état du bâtiment, dans la perspective d’une ouverture au public, exige des travaux d’une tout autre ampleur et des financements considérables: plusieurs millions d’euros. Et rien n’est prévu. Pendant plusieurs années, on nous a parlé des intentions d’un grand homme d’affaires, M. Robert Lohr, qui souhaitait pouvoir disposer de la Léonardsau pour certaines activités de la « Fondation Transplantation » et aurait pu assurer une part importante de la rénovation. Ce projet, soutenu par Monsieur le Maire et qui aurait été compatible avec une utilisation des lieux par notre Association, ne semble plus d’actualité. Que faire ?
Visiblement, la ville d’Obernai n’a pas l’intention d’investir, autrement que de façon symbolique, dans un projet culturel et patrimonial d’une telle importance : on comprend bien que l’impact électoral de la rénovation de la Léonardsau n’a rien de comparable avec celui de la construction d’une piscine, par exemple. Quant au Conseil général, Monsieur Fischer nous a déjà rappelé l’année dernière que ses crédits d’intervention étaient en diminution : la conjoncture économique qui s’annonce pour l’année 2012 ne permet guère de nourrir de nouveaux espoirs de ce côté…
Bien entendu, notre Association ne doit pas baisser les bras. Nous lançons un appel à toutes les bonnes volontés qui pourraient nous aider à découvrir un mécène ou un investisseur potentiel. Je suppose que la Mairie va reprendre de son côté le travail de prospection qu’elle avait entamé il y a quelques années. Le rôle de notre association sera aussi de veiller à ce que ne surgissent pas des projets qui dénatureraient le site ou lui attribueraient une fonction exclusivement commerciale. Rappelons à cet égard que la Mairie s’est engagée à ce que, quelle que soit l’utilisation des locaux, le parc reste, en tout état de cause, ouvert en permanence au public, comme il l’est actuellement.
En ce qui concerne le parc, la rénovation entreprise par les services de la ville, avec l’aide de notre amie paysagiste Agnès Daval, se poursuit. M. Francis Bronner, responsable des espaces verts, nous avait fait l’année dernière un exposé très apprécié. Les résultats sont encourageants. Les vues ont été dégagées, et pourraient l’être encore davantage. Les haies, les buis et les topiaires, vigoureusement retaillés, reprennent peu à peu du volume. De nouveaux aménagements floraux redonnent au parc de la vie et de la couleur. A quand la reconstitution de la grande tonnelle de rosiers ? Reconnaissons-le : en cette année 2011, où a été célébré le centenaire de la mort d’Édouard André, le parc qu’il a créé il y a plus d’un siècle a déjà retrouvé une grande part de sa beauté. Merci à la ville.
Ce qui manque encore, c’est l’omniprésence de l’eau. Certes, le « ruisseau alpin » a été rétabli et la pièce d’eau, dégagée de son fouillis d’arbres et d’arbustes, reflète de nouveau la façade ouest du château. Mais les fontaines et les cascades qui faisaient le charme des divers jardins, français, italien et japonais, n’ont pas encore pu être remises en eau : il reste à réaliser un important travail, certainement onéreux, pour rétablir le réseau des canalisations souterraines.
Notre association avait proposé d’assurer la rénovation du portail et de la clôture qui ferment à l’Est le jardin italien (ou « jardin des collections »). Finalement, c’est la ville elle-même qui prend en charge ce projet. Notre intervention pourrait porter sur la remise en état des quatre statues (les quatre saisons) qui encadrent le « théâtre de verdure » : travail délicat, pour lequel notre association aura sans doute besoin de dégager des moyens financiers, et c’est une des raisons de la petite augmentation des cotisations que nous allons vous proposer.
Nous sommes aussi prêts à nous associer aux services de la ville pour la mise au point d’un panneau d’information sur le domaine de la Léonardsau. En principe, le service de communication de la ville s’est engagé à réaliser une présentation signalétique du domaine, sur le modèle de ce qui a été fait pour le centre-ville en 1987. Il serait bien que ce projet voie enfin le jour et qu’une information claire soit proposée aux visiteurs à l’entrée du domaine.
Le parc est de plus en plus visité, et pas seulement par les Obernois et les Boerschois. Cette année encore, il a accueilli des mariages et des « marches gourmandes ». Il a été le théâtre de plusieurs belles manifestations, souvent organisées par notre association.
Le 24 juin dernier, une séance de cinéma en plein air, précédée d’un pique-nique, nous a permis de présenter le célèbre film de François Truffaut « Jules et Jim », où Jeanne Moreau joue le rôle principal et qui a été en grande partie tourné en Alsace, dans un chalet des environs de Cernay. Cette manifestation a été préparée en liaison avec l’association MIRA (Mémoire des Images Réanimées d’Alsace) et le CRCC de Strasbourg (Centre régional du cinéma culturel) et réalisée grâce à l’appui précieux des responsables culturels d’Obernai, à commencer par M. Gatineau. La soirée a été un grand succès, tout comme celles des années précédentes où nous avions présenté un film de Claude Chabrol, « la Décade prodigieuse », et la version filmée du « Herr Maire » de Gustave Stoskopf. Nous envisageons de continuer sur cette lancée l’été prochain, avec un autre film à connotation alsacienne, mais peut-être plus tard dans l’année, pour ne pas attendre la tombée de la nuit aussi longtemps qu’au solstice de juin.
En juillet, notre ami Pascal Bourgis, spécialiste des reconstitutions militaires en uniformes d’époque, a organisé dans le parc un « bivouac des soldats de l’Empire », haut en couleurs, où les figurants ont fait face vaillamment aux intempéries.
Le 31 juillet, ce fut un événement de haute qualité artistique : dans le cadre du Festival de musique de chambre d’Obernai, organisé par Geneviève Laurenceau, le « théâtre de verdure » s’est fait salle de concert, pour une admirable « rhapsodie au clair de lune ».
En septembre, la ville a accueilli une équipe de tournage de la chaîne allemande ZDF pour un téléfilm tourné dans le parc.
Pour les Journées du Patrimoine (17 et 18 septembre), j’ai organisé, comme les années précédentes, deux visites-conférences du domaine de la Léonardsau. Ces promenades d’une heure dans le parc ont été bien suivies (une cinquantaine de personnes le samedi, un peu moins le dimanche), le public étant pourtant moins nombreux que l’année dernière en raison d’un temps plus incertain. Le samedi, la conférence a été suivie d’une présentation de la marqueterie Spindler à Saint-Léonard.
Le 21 octobre, une visite de la Léonardsau a été organisée par Mme Anne-Marie Chatelet, professeur à l’École nationale d’architecture de Strasbourg, accompagnée d’une vingtaine d’étudiants.
Comme vous le savez, notre Association ne se préoccupe pas seulement de la préservation et de l’avenir du domaine de la Léonardsau. Notre souci est aussi de faire mieux connaître le « Cercle de Saint-Léonard », créé par Charles Spindler et Anselme Laugel, de rassembler de l’information et de la documentation sur ces artistes et sur leur époque, en attendant de trouver un lieu pour des présentations et des expositions. Ce lieu pourrait être idéalement la Léonardsau,, mais nous avons vu combien ce projet est, malheureusement, encore chimérique.
Jean-Charles Spindler continue à servir, par des publications et des expositions, la mémoire de son grand-père et de son père et des artistes qui les entouraient. Il accueille très régulièrement des visites à la marqueterie de Saint-Léonard, où sont rassemblées beaucoup d’œuvres et de témoignages.
L’événement le plus marquant a été, en mars et avril derniers, l’exposition Charles Spindler organisée à Strasbourg dans les locaux du Conseil général du Bas-Rhin. Le commissaire de l’exposition était M. Jean-Laurent Vonau, président de la commission Culture du conseil général. Outre la famille Spindler, plusieurs membres de notre association ont prêté des originaux pour cette exposition qui présentait toutes les facettes de l’œuvre du grand artiste de Saint-Léonard : non seulement des marqueteries, mais aussi du mobilier, des dessins, des peintures, des portraits, des aquarelles, des photographies. L’exposition a eu beaucoup de succès.
Notre association continue son travail d’information et de documentation. De ce point de vue, rien n’est plus révélateur que notre site internet, auquel je vous invite à vous reporter régulièrement. En particulier, vous y trouverez toute une série de monographies consacrées aux principaux artistes du cercle de Saint-Léonard et à leurs amis. Rassemblées par Marie-Christine Jung et souvent rédigées par elle, ces fiches sont aujourd’hui au nombre de dix-neuf : par ordre alphabétique, Charles Bastian, Lucien Blumer, Paul Braunagel, Auguste Cammissar, Léon Elchinger, Marie-Joseph Erb, Léon Hornecker, Anselme Laugel, Henri Loux, Alfred Marzolff, Josef Kaspar Sattler, Léo Schnug, Charles Spindler, Auguste Spinner, Gustave Stoskopf, Lothar von Seebach, Werner Wittich.
N’hésitez pas à nous aider à compléter cette liste ou à en corriger éventuellement les erreurs. Nous avons besoin de la contribution de tous : historiens, artistes, collectionneurs, descendants.
Oui, notre association ne peut vivre que grâce à l’activité de tous ses membres, à leurs initiatives et leurs propositions. Votre présence ici ce soir témoigne de l’intérêt que vous portez à la culture alsacienne, à cette époque clé et encore si méconnue que fut le tournant du XIXe et du XXe siècle. Merci d’être venus et de m’avoir écouté.
Le vendredi 21 octobre 2011, Anne-Marie Châtelet, professeur d'histoire et de culture architecturales à l'Ecole Nationale d'Architecture de Strasbourg a promené une vingtaine de ses étudiants français, suisses et allemands au Parc de la Léonardsau d'Obernai. Ils ont découvert les jardins dessinés par Edouard ANDRE dont on a célébré cette année (le 25 octobre) le centenaire de sa disparition et les oeuvres des trois générations Spindler à Saint-Léonard.
Pour sa quatrième fête d’été, l'Association des Amis de la Léonardsau et du Cercle de Saint-Léonard* a projeté "Jules et Jim" de François TRUFFAUT dans les jardins de la Léonardsau à Obernai. L'Espace ATHIC d'Obernai, le CRCC (Centre Régional du Cinéma Culturel) et l'Association MIRA (Mémoires des Images Réanimées d'Alsace) ainsi que l’aide des mairies d'Obernai et de Boersch ont contribué au succès de la soirée. Malgré la fraîcheur du soir, environ 250 personnes ont assisté à la projection en présence de Madame Catherine EDEL, adjointe au maire d’Obernai.
Une partie du tournage du film s'est déroulée en 1961 en Alsace du côté de Cernay dans le Haut-Rhin, au chalet-refuge Sihlbach du Molkenrain. Grâce à Denis SCHOTT et Michel KNOERR, collectionneurs avertis, des reproductions de photos du film, d’articles de presse et correspondance ont été présentées au public. Tandis qu’un diaporama montrait l’évolution du parc de la Léonardsau ces dernières années.
L’histoire est inspirée d’un roman d'Henri-Pierre ROCHE largement autobiographique. Des passages du livre sont d'ailleurs lus parfois au fil des images. L'auteur raconte son amitié avec Franz HESSEL, écrivain allemand et Helen GRUND d'origine berlinoise, fille d'un banquier prussien protestant.
L'histoire du film se noue à Paris avant la Première Guerre Mondiale. Une amitié profonde lie Jim (Henri SERRE) et Jules (Oskar WERNER). Le sourire d'une statue les séduit. Ils décident d’en retrouver l’origine au cours d'un voyage en Grèce. De retour à Paris, les deux amis tombent amoureux de la même femme, Catherine (Jeanne MOREAU) qui affiche cette même expression énigmatique.
Le film « Jules et Jim » est emblématique de François TRUFFAUT et de la nouvelle vague du cinéma français. Cette œuvre en noir et blanc joue en permanence d’une ambiguïté d'attitudes et de sentiments.
La musique signée Georges DELERUE a connu un grand succès. La chanson du film "le Tourbillon de la vie" chantée par Jeanne MOREAU, a été écrite par Cyrus BASSIAK, alias Serge REZVANI, (Albert dans le film). Elle fut composée sept ans auparavant pour son ami Jean-Louis RICHARD, à l'époque compagnon de Jeanne MOREAU.
Une intéressante biographie d’« Hélène HESSEL ou la femme qui aima Jules et Jim » a été publiée en 2011par Marie-Françoise PETEUIL aux Editions GRASSET. Elle fut journaliste et peintre (élève de Käthe KOLLWITZ à Berlin). Sa vie fut irriguée par les courants artistiques du XXe siècle (Marcel DUCHAMP, Man RAY, Walter BENJAMIN)
De l’union des époux HESSEL est né à Berlin en 1917, Stéphane HESSEL. Normalien et diplomate, ce dernier a confirmé dans ses écrits l'origine de l'histoire. Dans une émission de Serge JULY pour France 5 "Il était une fois...", Stéphane HESSEL raconte que sa mère, Helen GRUND, n'a pas voulu lire le livre et ajouta "Peut-être a-t-elle bien fait, car il n'était pas fait pour elle. Le film l'est davantage." Une remarque que François TRUFFAUT aurait pu reprendre à son compte, car il cherchait sans doute à montrer qu'il comprenait sa propre mère, grande séductrice.
Stéphane HESSEL fut, avec Raymond AUBRAC, parrain de l'Association "Citoyens et Résistants d'Hier et Aujourd'hui". Il est l'auteur d'une autobiographie "Danse avec le siècle" (1997), mise en images par la cinéaste allemande Antje STAROST, et d'un récent livre-manifeste retentissant "Indignez-vous", tiré en 2010 à plus 300.000 exemplaires. Il fut passionné de poésie et écrivit en 2006 « O ma Mémoire, la poésie, ma nécessité », recueil de 88 poèmes en trois langues (anglais, allemand, français) qui l’ont accompagné tout au long de sa vie…